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See the sea of un­rea­cha­bili­ty

Vidéo, 2015.

Durée: 00:13:50.

Présentée à : Artist’ Moving Image Festival - Filmhouse cinema, Edinburgh, 2015 - Festival International del Ciné IBAFF, Murcia - Traverse Vidéo, Toulouse - SUPERMARKET Stockholm independant art fair - Svarta Huset Telefonplan, Stockholm, 2016.

Voir la vidéo.

La « RuckenFigur », littéralement « la figure de dos » est un motif des plus fréquents dans l’œuvre de C.D.Friedrich.

Ce peintre inclut dans le paysage, le spectateur de celui-ci, ainsi l’image témoignerait de l’impossibilité romantique de représenter le monde.

Jamais dans le travail de Valentine Siboni, une référence n’est de l’ordre du vernis culturel car elle est portée par un projet plasticien de sens artistique. See the Sea of Unreachability réitère son implication du conceptuel dans l’esthétique en une claire compréhension du non-sens qu’il y a à séparer le signifiant de son signifié, le propos étant formé par l’œuvre. Le titre embarque en ajoutant le jeu de l’homophonie au terme en anglais, jusque-là réservé au domaine informatique, que le français traduit par l’inaccessibilité.

Celle de saisir les deux côtés de l’horizon.

Elle choisit le maître de l’inclusion du regardeur dans le champ de la peinture, Friedrich qui comprit que n’existe de paysage que vu par… mais, dans ses variations virtuoses, Valentine Siboni fait danser plans de films, photographies et tableaux selon un processus proche du folioscope dont une main de synthèse détache paradoxalement image par image. Par là, elle rappelle le statut d’image y compris celles qu’elle réalise elle-même pour ce rappel ; ainsi tel plan de paysage de campagne se réduit, perd de sa saturation du champ en un passage exhibé à la numérisation, sa réduction de format et l’écho de son usage écranique.

Paysage de divers médiums et artistes outre plusieurs Friedrich, un Dali, un Munch, Dücker, peintures et une gravure, de nombreux films aussi différents que Jane Eyre de Fukunaja, le Rebecca d’Hitchcock, Nosferatu de Herzog mais d’autres encore Maddin, Stevens tous en cartes postales. Les paysages filmés reprennent ou non ceux ainsi cités : Etretat ou la falaise de craie blanche de Rügen, la Suède et Copenhague. Un pont numérique sur une mer de synthèse mène de l’un à l’autre, dans les seuils initial et final et avant le second « monologue » annoncé par titrage interne, puisque le film interroge aussi l’image calculée, mais un magma de non formes mouvantes n’y répond pas davantage à la vision simultanée des deux pôles, alors que la parole s’entend étouffée, elle aussi par le transfert numérique.

Cependant paysages enchâssés ou filmés, chacun intègre un regardeur, son horizon est toujours déjà attribué à ce regardeur désormais partie intégrante de ce qu’il voit. Ceux intégrés au film enchâssant, répondent en dialogue ou provoquent des commentaires : « l’horizon est une image toujours vide constamment remplie par toi et mi »/« obstacle prêt à être avalé par cet espace cadré ». Ces voix y voguent sur la réflexion poético-scientifique induite par les questions du « Néophyte ». De même en graphie manuscrite ou non, s’en réitère le discours : « image fait image fait image »… ou définition du paysage et de l’horizon : « Le paysage est le réel cadré de celui qui le contemple / L’horizon est l’œil du paysage ».

S’il en est exclu, c'est la machine qui y supplée : une caméra super 8 face à un écran, écran surencadré dans le champ d’une mer, avant qu’il ne devienne paysage grâce à un travelling avant qui agrandit le plan de mer. Il répond au travelling arrière qui avait découvert cet écran. Le mode de faire l’image est intégré à la question de ses «compétences ».

Si la question anime Valentine Siboni, elle est mue, aussi, par le désir, toujours déjà recommencé, de l’image en mouvement, et celui-ci revient à animer cette image figée en carte postale de Rebecca, et la jeune femme devant la mer, se tourne et revient à la mer, se tourne et…

Texte écrit par Simone Dompeyre, Traverse Vidéo,  2016.

See the sea of un­rea­cha­bili­ty